1970
Après une désastreuse année 1969, Alan Lancaster propose aux autres membres du groupe de changer radicalement leur répertoire pour rock plus musclé. Afin de mettre à profit leur nouvelle direction musicale, Bob Young, très influencé par le blues, est engagé comme road manager. Ce sera le premier détonateur pour Status Quo.
Le 6 mars, voit la sortie du simple " Down the dustpipe ", morceau révélateur de la nouvelle structure musicale du Quo. C’est un boogie en douze mesures, simple mais efficace. Succès incontestable malgré la critique puisque ce titre entre dans les charts anglais le 2 mai, y restera 17 semaines et se classera n°12. Pourtant, le groupe a un mal fou pour trouver des concerts, et ce, malgré les efforts de Colin Johnson, l’agent artistique de Nems, pour leur trouver quelques engagements. De plus, faute de succès probant, Status Quo se voit obligé de tourner dans des petits clubs et pubs,au public indifférent, ce qui n’est pas très lucratif. L’argent fait cruellement défaut et c’est bien souvent les familles et femmes des cinq acolytes qui subviennent aux besoins des musiciens. Cependant, le groupe n’est pas inactif puisqu’il met à profit cette période pour enregistrer son troisième album alors que le contrat avec Pye est renégocié et revu nettement à la hausse. " Ma Kelly’s greasy spoon " sort finalement le 28 août, mais, faute de promotion, les ventes restent faibles. Il contient pourtant quelques joyaux comme le superbe " Junior’s wailing " qui ouvrira les shows du groupe jusqu’en 1977. »Il y avait quelque chose de contagieux dans ce rythme binaire et on n’arrivait pas à s’en défaire » confia Rick quelques années plus tard. Désormais affublé de l’infamant label " Pop group ", la formation est déclarée " Persona non grata " par l’ensemble du music-business.
Mécontent et insatisfait, Roy Lynes quitte subitement ses amis, en septembre, alors que le groupe se rendait en Ecosse pour y donner un concert. " Il a sauté du train et on ne l’a plus revu " se souviennent Rossi et Parfitt.
Désormais composé de Francis Rossi (guitare solo, chant), Rick Parfitt (guitare rythmique, chant), Alan Lancaster (basse, chant), et John Coghlan (batterie), Status Quo muscle considérablement sa musique et élabore un son plus hard.Ce changement de style est mis notamment en évidence en septembre où le groupe investit les studio de Granada TV pour enregistrer l’émission « Doing their thing ». L’occasion de donner un petit set de cinq titres où le Quo assène les prémices de ce boogie qui deviendra son image de marque.
La rythmique Lancaster-Coghlan devient plus lourde, Rick Parfitt devenant un guitariste rythmique plus accrocheur. Quant à Francis Rossi, ses solos sont nettement plus incisifs devenant ainsi l’un des meilleurs guitaristes de la scène musicale anglaise.
Le 23 octobre voit la sortie du dernier simple de l’année. Ecrit en une après-midi par le duo Rossi-Young, dans la cuisine de Rossi, il fût enregistré en deux prises seulement. Encore une fois, le titre est boudé par les radios et la promotion est quasi-inexistante. Pourtant, " In my chair " entre dans les hit parades le 7 novembre pour 14 semaines et se classera n°21. Status Quo récolte là le fruit de ces concerts dans les pubs où il a su fidéliser une frange de la jeunesse britannique qui deviendra la base de ses « die hard fans », la Quo army.